EMPLOI DES SENIORS : QUELLE RELATION AU TEMPS DE TRAVAIL ?
22 mars2023
Avec l’allongement de la durée de la vie active, les chefs d’entreprises vont recevoir des candidats plus âgés dans les entretiens d’embauche. De nouveaux dispositifs de management et de recrutement vont sûrement émerger. Une dimension en particulier à prendre en compte : une adaptation probable des temps et rythmes de travail de ces seniors toujours en activité.
À travers plusieurs études et articles sur le sujet, nous allons tenter de comprendre comment les entreprises vont s’adapter à ce public de ce point de vue. Quelles contraintes particulières prendre en compte ? Comment les seniors arrivent-ils à concilier vie privée et vie professionnelle ? À quelles difficultés se heurtent-ils ?
Absentéisme des seniors aux travail
Difficile de nier l’évidence et les effets de l’augmentation de l’âge des travailleurs sur le taux d’absentéisme. Selon le baromètre sur l’absentéisme, publié en 2020 par Malakoff Humanis, il semblerait que 30 % des dirigeants d’entreprise imaginent que les arrêts de travail vont progresser avec l’augmentation de l’âge moyen des salariés. Selon un baromètre sur l’absentéisme Ayming Alm de 2021, commandé par AG2R La Mondiale, les personnes âgées de 56 ans et plus ont le taux d’absentéisme le plus élevé en 2021 (9,61 %). Dans son rapport, publié en février 2023, la Cnam a par ailleurs établi un lien entre l’augmentation de l’âge moyen de départ à la retraite et le coût des indemnités journalières qui aurait progressé de 4,2 % en moyenne, tous les ans, depuis 13 ans.
Le taux d’absentéisme des seniors est certes plus élevé mais dans des proportions qui restent le plus souvent gérables par les entreprises, sauf cas particuliers de forte pénibilité. Quels leviers actionner pour réduire cette tendance et quelle(s) organisation(s) du travail envisager ? Ces changements vont devenir de plus en plus nécessaires et les enjeux sont de taille !
Proposer plus de souplesse
Selon une étude réalisée par Opinionway pour Horoquartz en 2020, il semblerait que plus l’âge augmente, plus les travailleurs aimeraient être autonomes et avoir plus de liberté pour organiser leur temps de travail. 92 % des moins de 30 ans aimeraient plus de souplesse dans leurs horaires de travail contre 95 % des salariés de plus de 50 ans.
Une des explications est que cette génération, parfois appelée génération sandwich, est très sollicitée, d’un côté par des enfants pas encore autonomes et de l’autre côté, par des parents vieillissants qui prennent du temps. Répondre à cette demande de souplesse par une organisation du travail et des processus RH adaptés est certainement un moyen d’éviter des absences imprévues et incontournables dans certains cas.
Adapter le volume d’heures hebdomadaire
Les salariés les plus âgés sont moins nombreux que les plus jeunes à rapporter des dépassements d’horaires par rapport à ce qui est prévu à leur contrat de travail. Ainsi l’enquête d’Opinionway pour Horoquartz rapporte que 45% des moins de 30 ans et 43% des 30-39 ans indiquent travailler régulièrement plus que ce qui est prévu dans leur contrat, alors que cette situation concerne 38% des 50-59 ans et 33% des plus de 60 ans.
Une différence notable est identifiée sur ce point : les seniors indiquent que cette situation de dépassement d’horaires est principalement motivée par leur intérêt pour leur travail, et cela concerne tout particulièrement les cadres. Par contre, pour les populations d’ouvriers et d’employés, ces dépassements sont bien moins fréquents et probablement moins souhaités. Il est assez logique de penser que l’adaptation du volume horaire à l’âge du collaborateur devrait tenir compte de l’intérêt et de la pénibilité de chaque métier.
Veiller à l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle des seniors
Au même titre que les plus jeunes, les plus âgés sont vigilants sur cet aspect. Ainsi, 98% des 50-59 ans et 97% des plus de 60 ans déclarent que l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle est important pour eux, ce taux n’étant « que » de 93% pour les 30-39 ans par exemple.
Mettre en place du télétravail pour les seniors
Cela est assez contre-intuitif, mais les plus jeunes et les plus âgés télétravaillent dans des proportions très similaires. Selon l’étude d’Opinionway, il semblerait que les moins de 30 ans télétravaillent à 28 % contre 26 % pour les plus de 60 ans. Afin de les aider à prendre en main tous les outils liés à cette nouvelle organisation du travail, il sera peut-être nécessaire de mettre en place des formations adaptées à ces publics, mais dans les faits aujourd’hui, la maîtrise des technologies ne semble pas être un frein au télétravail pour les seniors.
Le temps partiel est-il souhaité ?
On pourrait penser que le travail à temps partiel est un moyen de maintenir les plus âgés dans l’emploi. La DARES a constaté que plus l’âge augmente, plus le taux d’emploi à temps partiel progresse. Reste à savoir s’il s’agit d’une situation choisie ou subie avec les difficultés à retrouver un temps plein en fin de carrière. Car l’étude d’Opinionway pour Horoquartz ne reflète pas de demande particulière de cette population et même au contraire, ce sont les salariés les plus jeunes qui aimeraient bénéficier d’un travail à temps partiel avec 36 % chez les moins de 30 ans et 35% chez les 30-39 ans. Les 50-59 sont 26% à souhaiter ce type d’emploi et ce taux monte à 30% chez les salariés de plus de 60 ans.
Quel rapport au salaire pour les seniors ?
Selon l’étude d’Opinionway pour Horoquartz, il semblerait que l’importance de la rémunération dans le travail varie en fonction de l’âge du salarié. Plus l’âge avance et moins le niveau de salaire semble être déterminant. Ainsi quand les jeunes de moins de 30 ans sont 82 % à estimer que la rémunération est importante dans leur emploi, les plus de 60 ans sont 73 % à donner la même réponse et les 50-59 ans sont 74%. À noter que d’après le baromètre réalisé en décembre 2020 par le défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT), 90 % des seniors interrogés se disent prêts à réduire leur salaire pour rester en emploi. Ces chiffres traduisent à la fois la compréhension de la difficulté à retrouver un job à leur âge, mais aussi le fait qu’au-delà de 55 ans, les Français ont en général une situation financière leur permettant plus facilement ce genre d’arbitrage.
Elodie Heurtault-Grégoire, Rédactrice pour Horoquartz